Variations électorales en Ukraine entre 2010 et 2014

Ukraine_2014

Alors que se termine le comptage des voix, le scrutin législatif que l’Ukraine a connu ce dimanche 26 octobre 2014 s’annonce historique. D’abord parce que ces élections anticipées, qui étaient l’une des revendications des manifestants du Maïdan, sont une victoire sans précédent pour les mouvements pro-occidentaux qui s’en réclament. Le Front populaire du premier-ministre Arseni Iatseniouk, et le « bloc Poroshenko » du président élu il y a quelques mois remportent à eux seuls 43% des voix. Le « bloc d’opposition », issu de l’ancien Parti des Régions du président déchu Viktor Ianoukovitch totalise quant à lui à peine 9, 85% des suffrages.

Dès lors, c’est une nouvelle carte électorale de l’Ukraine qui apparaît, si l’on compare ce scrutin à celui organisé en 2010 pour la présidence du pays. Viktor Ianoukovitch l’avait alors emporté avec 48% des voix contre Ioulia Timoshenko (45%). A l’époque, cette élection présidentielle avait été présentée comme le symbole même d’un pays divisé en deux, entre un Ouest ukrainophone favorable à des positions pro-occidentales alors incarnées par Mme Timoshenko, et un Est russophone ayant massivement voté pour M. Ianoukovitch. Les élections d’octobre 2014 montrent que ce schéma, très simplificateur, ne colle plus avec la réalité : les régions où le « bloc d’opposition », héritier du Parti des Régions de M. Ianoukovitch, est arrivée en tête sont au nombre de trois, dans l’extrême est du pays. Les régions du sud, elles aussi russophones et désignées par le Kremlin sous le terme de « Nouvelle Russie » ont quant à elles radicalement changé de comportement électoral.

Le contexte de 2014 est certes très différent de celui de 2010 : le pays est en guerre, amputé de certains territoires alors que la situation économique se dégrade de manière inquiétante. Mais l’évolution des comportements électoraux montre surtout que la « fracture » entre l’Est et l’Ouest du pays n’est pas aussi rédhibitoire qu’on la présentait en 2010. A un moment où le gouvernement ukrainien entend mener des réformes majeures (rapprochement avec l’Union Européenne par exemple), c’est un enseignement important qui montre qu’il est possible de dépasser la supposée « malédiction » d’une dualité Est-Ouest qui empêcherait le pays de trouver un modèle de conciliation nationale.