Le Royaume-Uni et l’Europe

Lorsqu’en 2013, le premier ministre britannique, David Cameron, lance l’idée d’organiser en 2017 un référendum au sujet du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, il relance le débat sur la place de ce pays, entré tardivement (1973) et difficilement (candidatures rejetées en 1963 et 1967 par la France), au sein de la communauté européenne. Qu’en est-il de la place du Royaume-Uni en Europe ? 

Durant des siècles, l’histoire du Royaume-Uni ne se jouait qu’en Europe. Le développement de sa marine à la fin du XVIème siècle, notamment marchande, l’a conduit à se tourner vers d’autres continents pour constituer un véritable empire qui l’a hissé au rang de première puissance mondiale.

Héritier de cette histoire, le Royaume-Uni actuel a su conserver une influence notable sur la scène internationale, notamment auprès de la plupart de ses anciennes colonies regroupées au sein du Commonwealth, une organisation intergouvernementale présidée par la reine Élisabeth II. Beaucoup de ces pays ont conservé une partie de la culture britannique, et parfois même sa langue, comme c’est particulièrement le cas dans les pays fondés, à l’origine, par des immigrés irlandais, anglais ou écossais (États-Unis, Canada, Australie) qui forment ce qu’on nomme l’anglosphère – ou le monde anglo-saxon.

Les relations du Royaume-Uni avec le monde anglo-saxon, et notamment les États-Unis, sont souvent perçues comme un obstacle à sa pleine intégration au processus politique qui lie les États d’Europe, l’Union européenne. C’est cela d’ailleurs qui a justifié le refus français de voir le Royaume-Uni intégrer la communauté européenne – jusqu’en 1973.

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Des intérêts économiques et commerciaux indispensables avec l’UE

D’un point de vue économique, l’Union européenne est un partenaire indispensable pour le Royaume-Uni. Les échanges commerciaux avec l’Europe dépassent largement ceux avec les Etats-Unis et, de très loin, ceux réalisés avec les pays du commonwealth. Dans le domaine financier, un secteur important pour le Royaume-Uni, les pays de l’Union européenne sont là aussi une source de revenus très significative, en particulier des Etats comme les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne.

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Les succès du parti eurosceptique UKIP

Pourtant, de plus en plus de britannique s’oppose à l’Union européenne, comme le démontre les succès électoraux du principal parti eurosceptique, UKIP. En cinq ans, le parti a fait une véritable percée électorale aux élections européennes. Alors qu’il n’arrive en tête nulle part en 2009, il remporte la plupart des régions du sud de l’Angleterre en 2014. C’est dans des régions détenues par les conservateurs en 2009 que UKIP parvient à s’imposer et à réaliser ses meilleurs scores. Le parti travailliste, quant à lui, conserve en 2014 ses deux régions et en remporte trois nouvelles, là où UKIP fait également d’importants scores (supérieur à 20%). Le détournement d’une partie de l’électorat conservateur au profit de UKIP semble ainsi profiter aux Travaillistes.

Les conséquences de la crise économique et l’immigration, qu’on attribue généralement à la montée des partis eurosceptiques ces dernières années, ne sont pas une explication suffi sante pour comprendre le vote en faveur de UKIP. Ainsi, si une certaine corrélation existe dans certaines régions, ce n’est pas le cas partout. En e ffet, le parti remporte des régions où la présence de population non britannique est inférieure à 10 %. De même, quatre régions du sud de l’Angleterre remporté par UKIP connaissent un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale.. Quelles qu’en soient les raisons, le vote en faveur du parti UKIP menace le parti conservateur.. Pour cette raison, le Premier ministre conservateur britannique, David Cameron, envoie plusieurs signaux à cet électorat tenté par le parti eurosceptique. Le référendum sur la sortie du Royaume-Uni qu’il propose d’organiser en cas de réélection en 2017 s’inscrit dans cette stratégie politique.

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