Les cryptomonnaies : quels enjeux géopolitiques ?

À la fin de l’année 2017, le cours du bitcoin – la plus célèbre des cryptomonnaies – s’est envolé au point qu’une unité de cette monnaie s’échangeait contre presque 20 000 dollars. Dans le sillage du bitcoin, c’est l’ensemble des valeurs des cryptomonnaies qui ont augmenté, suscitant l’engouement des médias mais également la méfiance des Etats. 

À l’exception de certains paradis fiscaux, les cryptomonnaies s’échangent surtout dans les régions développées, en particulier en Asie. Son poids dans les volumes d’échange s’explique par une réelle appétence de la population pour ces monnaies. Aussi,  d’importantes plateformes se sont développées au Japon, en Corée du Sud ou en Chine, et notamment dans des zones franches telles que Hong Kong.

L’Asie, une région incontournable 

La place centrale de l’Asie fait de cette région une cible pour les pirates informatiques qui ont déjà dérobé plusieurs dizaines de millions d’euros. Cela a parfois causé la faillite de certaines  plateformes et plus généralement une crise de confiance envers ce secteur. Ainsi en Corée du Sud, une enquête a été ouverte contre deux plateformes asiatiques soupçonnées de blanchiment d’argent. Au Japon, une plateforme (Mt. Gox) déclarée en faillite en 2014, a été soupçonnée d’avoir manipulé le cours du Bitcoin pour s’enrichir. Ces événements ont incité les États d’Asie à réguler davantage ce secteur, en particulier en Chine qui constitue l’un des plus grands marchés d’échange. Cela explique largement la baisse des cours depuis le début de l’année 2018.

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L’impact des restrictions chinoises sur l’activité de mining

Le « mining » est une activité qui consiste à mettre à disposition du réseau gérant une cryptomonnaie, de la puissance de calcul informatique pour assurer son bon fonctionnement. Pour ce service rendu, les propriétaires des ordinateurs (les « mineurs ») sont récompensés en unité de cryptomonnaie. Des centres de mining se sont ainsi constitués un peu partout sur la planète, en particulier dans des territoires propices à leur installation. En 2017, on estimait que la Chine représentait au moins la moitié de l’activité de minage dans le monde.

Or en septembre 2017, la Chine a interdit toute transaction en cryptomonnaie aux institutions financières présentes sur son territoire, et le gouvernement chinois a laissé entendre qu’il était prêt à prendre d’autres mesures contre les « mineurs ». L’augmentation du prix de l’électricité spécialement aux entreprises de mining est une des pistes envisagées par le gouvernement pour lutter contre ces pratiques. Au-delà des prix, Pékin dispose des moyens techniques pour bloquer l’accès à certaines plateformes de cryptomonnaies grâce à un système national mis en place en 2003 (Great Firewall). Dans ce contexte, certains « mineurs » se sont déjà délocalisés dans d’autres pays plus propices (Islande, États-Unis, Canada) et d’autres y pensent sérieusement.

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